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   Je  suis imbattable  aux jeux de fléchettes et aux jeux de tirs. De cela, je n'ai jamais douté. Pour ce qui  est du reste, depuis mon arrivée dans cette fête foraine, mes souvenirs se résument à presque rien. Je ne me rappelle plus où cela a commencé. Ni quand je suis arrivé. Ni dans quelle direction il faudrait aller pour retrouver mon chemin. Je veux juste rejoindre la vie ordinaire.

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   L'air manque dans ce palais des glaces. Je ne retrouve pas la sortie de ce labyrinthe. J'ai tout essayé mais je ne  la vois  nulle part. Quelle misère! Mais où peut-elle être ? Je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer. Mais qu'est-ce que je vais devenir ? Suis-je en danger ? Je n'en sais rien. Je me débats  comme un poisson dans un filet aux mailles solides. Je scrute du côté des stands et des baraques en quête désespérée de je ne-sais-quoi. Rien. Juste des allées fantômes  comme celles que l'on construit dans les studios de tournage. Cette fête foraine est pourtant bien réelle. Cette réalité reste incompréhensible. C'est un fait. Aussi évident que le sol sur lequel je me tiens. Aussi incontournable que les murs de miroir qui m'enferment.

 

   A cet instant, non loin du carrousel à deux étages, le vert d'un manteau jaillit comme l'herbe vive. Je ne sais pas qui est cette femme d'une exquise mondanité. Cette femme coiffée d'un chapeau jaune m'esquisse même un sourire. Voit-elle mon désarroi ? Probablement pas. Elle commence  à montrer des signes de nervosité. Son visage lui donne un air vaguement désolé, comme si vraiment elle n'y pouvait rien. Elle est là parce qu'il le faut. C'est tout. Je  retourne inlassablement sur mes pas. Je ne vais pas croupir ici le restant de ma vie, tout de même ! Il faut que je crie jusqu'à ce que ça cesse ! Oui, il faut se boucher les oreilles, crier à devenir sourd pour que tout ça disparaisse ! Oui ! pour que tout ça ne soit qu'un cauchemar. Cette femme ne voit-elle pas que ce n'est pas normal ? Ce n'est pas possible ! Elle devrait se rendre compte et accourir me sortir de ce maudit palais des glaces. Mais non ! Je tente de prendre du recul, de faire quelque pas en arrière, comme pour quitter le théâtre.

 

   C'est alors que tout se met en place. Certes,  il faudrait pouvoir lui dire à cette bonne dame. Mais lui dire quoi, finalement ? Qui sait d'ailleurs si elle  n'a  pas raison, si je n'ai pas tout imaginé ?

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D.B.

(L1, Lettres Modernes, UPEM)

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Mis en ligne le 25 novembre 2016

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