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Après avoir posé cette question, je me réveille assis sur le siège du RER. Transpirant de partout. Mes vêtements remplis d’eau. Je réalise qu’une fois de plus j’ai rêvé de ce corbeau, de cette scène. Un rêve ? J’en ai des doutes. Pourquoi à chaque fois que je ferme les yeux je me transporte dans cet univers où apparait cette femme et ces animaux étranges si agaçants ? Il faut que j’aille trouver des réponses et ce n’est pas ici, bloqué je ne sais où, que je les trouverai. Ayant raté mon arrêt, je descends au suivant. Je me mets en tête de trouver une voyante, dans le village où j’ai atterri, pour trouver des réponses. Face à moi : le désert. Des champs, des tracteurs et du blé. Je pense immédiatement aux charançons, ce groupe d’agriculteurs criminels dont j'ai entendu parler aux infos la nuit dernière. J’entrevois au loin une silhouette dans les champs. J’en ai des frissons… Pris d’une peur indescriptible je me mets à courir vers une direction inconnue. Je m’arrête sur une route semblable à la route 66, je décide de faire du stop…

Plusieurs heures après, je suppose, un tracteur d’une hauteur minime et d’une couleur stridente s’arrête enfin pour me prêter attention. Je me mets à implorer les bonnes grâces quand une voix rauque par la fenêtre de la voiture me crie :

« Allez monte, mon p’tit monsieur ! »

Sans hésiter, je me faufile sur le siège passager de l’étrange engin. Une fois dans le tracteur, je me rends compte que cette voix si masculine porte le visage d’une femme avec des traits si fins, si bien dessinés, si familiers... j’entends à la radio un vieux titre de rock que je déteste : Sentimentalisme, elle gigote dessus. Je scrute cette femme. Ces petites quenottes sur la partie supérieure de sa mâchoire m’intriguent et cette tache en forme de sept sur le coin de sa paupière... Elle me dit quelque chose. J’examine son visage. Mais qui est-elle ?

« Alors, tu vas où comme ça p’tit monsieur ? »

Elle me sort de mes pensées avec un sourire un peu trop angélique à mon goût. Elle me laisse perplexe. Voyant que je ne réponds pas, elle tourne la tête en direction de la route. Ce visage. Ce sourire. Mais qui est-elle à la fin ? Le son de la radio me tire de ma réflexion, ce titre tombé aux oubliettes résonne dans le tracteur, la femme rauque se met à chanter.

« On va les transbahuter ouaaaais, on va les désentripailler yeah yeah yeah !!

Tu connais ? T’aimes ?

-Euh à vrai dire... pas vraiment, c’est un peu violent pour moi, je lui réponds, un peu gêné.

-Oh mon p’tit monsieur, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, la douceur ne dure qu’un temps vous savez. »

Je ne comprends pas ce qu’elle me raconte. Elle est intrigante. Sans que je m’y attende, une puanteur envahit le véhicule, j’ai le réflexe de porter ma main à mon nez, j’interroge et soupçonne du regard la femme, serait-elle aussi grossière ? Elle comprend ce qui se passe dans ma tête et secoue la sienne pour me rassurer en esquissant un sourire.

Nous nous arrêtons peu longtemps après, la femme rauque descend du tracteur et se dirige vers une taverne. Je la suis, craignant la nuit de ce lieu. Elle ouvre la porte et serre la main à quelques gaillards puis fait des signes de tête au reste de la clientèle présente. Elle semble respectée ici. Elle commande deux « Pêcheurs », quand le serveur apporte la commande je comprends que ce sont des bières. Elle échange quelques mots avec le serveur et me porte enfin de l’intérêt :

« S’cuse moi, ton prénom ?

-Weel.

-Enchantée, Rêverie, dit-elle rapidement.

-Pardon ? (Perplexe)

-Rêverie, renchérit-elle.

-Comme les rêves ?

-Non, r’Every ! grogne-t-elle.

-Oh ! Excusez-moi j’avais mal compris, dis-je confus.

-Y’a pas d’mal mon p’tit monsieur. »

Je comprends qu’elle a un sévère accent ou que tout simplement j’ai un énorme problème de compréhension et d’audition… Pris d’un mal de tête, je sors de la taverne et vais prendre l’air. J’observe ce qui m’entoure malgré l’obscurité. J’aperçois au loin un coin de lumière. Je m’approche. Je trouve une pancarte en piteux état derrière un feuillage en décomposition : "Voyante de la nuit : éclaire vos interrogations les plus noires. Fermé le jour." Etrange. Je me mets à suivre la flèche à moitié peinte sur la pancarte qui indique la direction. Je m’arrête devant un arbre. Je ne vois rien mis à part le dessin des ombres du paysage qui m’entoure. Les arbres, la taverne à quelques mètres de moi. Je m’appuie sur un des arbres pour chercher un campement ou quelque chose qui pourrait ressembler à une planque de voyante. A peine ai-je posé le bras sur l’arbre qu’une étrange entrée y apparaît. D’un pas décidé, j’entre...

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Maëva Dominguez

(L1, Lettres Modernes, UPEM)

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Mis en ligne le 27 novembre 2016

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