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Il était trop tard. La barque avait déjà pris le large et je ne distinguais plus que la silhouette de cette femme.

Étendu sur le sol j’étais envahie de remords et de désespoir. Je ne cessais de me répéter que tout ceci était de ma faute. Si seulement je ne l’avais pas convaincue d’entrer dans cette maudite boutique…

Je n’arrivais plus à me relever, mes pieds s’enfonçaient dans la vase si bien qu’à chaque tentative, je glissai à même le sol. J’étais à bout de forces, chaque membre de mon corps me faisait terriblement souffrir.

Une lueur d’espoir me vint lorsque je vis au loin un vieux pêcheur assis le long du fleuve.

« Aidez-moi, s’il vous plaît ! criai-je en agitant les bras en l’air.

Le pêcheur tourna la tête puis s’avança vers moi d’un air méfiant et s’arrêta à quelques mètres, les mains sur les hanches.

-      Qui êtes-vous ? me demanda-t-il d’une voix rauque.

-     Monsieur, répondis-je épuisé, j’étais à la poursuite d’un homme qui a enlevé une amie à moi lorsque je me suis retrouvé embourbé ici. Je suis bloqué, aidez-moi s’il vous plaît, lui dis-je en lui tendant ma main.

Interloqué, le pêcheur resta immobile, les bras le long du corps.

-     Aidez-moi, bon sang renchéris-je essoufflé.

-     Voilà une drôle d’histoire, répondit enfin le pêcheur, je n’ai vu personne par ici et vous ne m’inspirez pas confiance.

-     C’est une histoire folle que moi-même je ne comprends pas, dis-je en essayant de le convaincre, je suis rentré dans une boutique de chapeaux puis tout a disparu d’un coup ! m’exclamai-je.

-     Je suis tombé sur un fou, marmonna le vieillard dans sa barbe.

-     Je vous assure cet homme, ce corbeau, il s’est échappé avec mon amie, elle est en danger !

Soudainement, le pêcheur recula. Je pouvais lire dans ses yeux l’angoisse qui le submergeait, son visage était blême, ses mains tremblaient fort, il me regardait avec une mine décomposée comme si je m’étais transformé en une créature maléfique sous ses yeux.

Lorsqu’il reprit ses esprits, il me tendit la main et me tira ardemment de cet amas de boue.

-      Dépêchez-vous, fuyez me dit-il avec insistance.

-      Que savez-vous ? lui dis-je, je ne peux pas laisser cette femme seule avec lui, je dois rejoindre l’autre rive.

Le pêcheur rebroussait chemin d’un pas pressé, je peinais à le suivre. La nuit commençait à tomber sur le fleuve. L’atmosphère devenait de plus en plus oppressante alors le pêcheur alluma sa lampe torche et nous vîmes au bout du faisceau de lumière sa barque.

-      Emmenez-moi sur l’autre rive, s’il vous plaît.

-      Je ne vous emmènerai nulle part me répondit-il sèchement, je croyais que l’île aux corbeaux n’était qu’une légende mais… »

Je ne comprenais plus rien à ce qu’il disait, une île aux corbeaux, c’est de la folie. J’observais l’ilot au loin, la pluie ruisselait sur mes épaules et le froid me glaçait la peau. Il faisait complètement nuit, il fallait partir, je le sentais. Toute cette histoire allait finir par me rendre fou mais je ne pouvais me résigner, alors je tentais désespérément de convaincre le pêcheur.

Tout-à-coup, des croassements de corbeaux déchaînés se mirent à résonner autour de nous, dans un élan de peur le pêcheur sauta dans sa barque, me laissant seul, livré à moi-même.

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Olivia

(L1, Lettres modernes, UPEM)

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Mis en ligne le 27 novembre 2016

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