Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
L'homme me faisait confiance lorsque je le guidais, il ne se doutait pas un instant de mon imminente trahison. En réalité j'étais moi-même attristé d'avoir à le trahir ainsi, mais pour une raison que j'ignore toujours, il m'avait paru logique à ce moment de le mener au corbeau qui m'avait mutilé et tant changé. Maintenant, je réalise que c'était une erreur et je m'en veux terriblement : après tout cet être abominable m'avait transformé en oiseau, m'avait volé mon humanité et avait par la suite privé de mes ailes ne laissant à la place que des morceaux de chairs à vifs. Ethan, l'homme qui était sur le point de périr par ma faute commençait à ralentir, il devait se méfier de quelque chose : en effet son regard ne cessait de tomber sur moi, je pouvais alors sentir un regard plein de bonne volonté et ma culpabilité devenait lourde au point de ralentir ma course. Tout deux courions à présent à la même vitesse. Rapidement nous étions déjà arrivés devant la porte qui scellerait le destin d'Ethan : nous étions arrivés, nous étions figés devant cette porte.
-Oiseau ! m'interpellait-il, sommes-nous arrivés à la sortie de ce dédale ?
-Être arrivé oui, mais pas porte de liberté...
-Serais tu en train de me livrer au Corbeau, pense donc à tout ce qu'il t'a fait ? me dit-il.
-Toi pas savoir ce que j'avoir besoin, partir je peux pas à cause de maltraitance. Pourquoi toi insister sauver être répugnant comme moi ?
La pitié n'avait jamais sauvé personne, et il se sacrifiait pour moi. Un parfait inconnu voulait m'aider, moi qui avais tant été tourmenté, maltraité. Sa vie allait être bouleversée par ma faute, c'était une cause perdue, je ne pouvais que baisser les bras.
Ethan était dépité, je ne pensais pas que cela me causerait une peine si grande de voir un simple inconnu souffrir. Finalement, je n'étais pas complètement déshumanisé et cela me rassurait et me motivait : il fallait que je parte d'ici.
-Fuir, raison toi, raison toi, fuir je veux je veux. Lui criai-je.
-Ramène moi à la vraie porte cette fois-ci, je te promets que tu auras une meilleure vie et tout ce que tu as vécu ici ne sera qu'un affreux souvenir. A quoi bon hésiter ? Y songes-tu ? Avant que nous nous en allions promets-moi que tu ne me trahiras pas une nouvelle fois.
-Non pas trahir je le promettre.
-Tant mieux, on est dans le même bateau, nous devons nous montrer solidaires. Quel que soit l'obstacle nous le surmonterons.
Une fois ces paroles achevées, mon cœur commençait à battre, des hectolitres de larmes coulaient de dessous mes membranes nictitantes. Ethan était un homme bon, je devais lui faire confiance. La sortie n'était pas si loin, à une centaine de mètres tout au plus ; mais il y avait un problème concernant la porte de sortie. Entravée par les ronces, elle était à peine visible et encore moins malléable. Comment allions nous pouvoir sortir de ce piège qui semblait se refermer sur nous ? Où irions-nous si cette porte ne s'ouvrait pas. Ravi d'être si proche de la sortie, Ethan ne remarquait pas mon malaise et mon désarroi. Bien sûr, ce jeune était plein de bonne volonté afin de sortir de ce lieu hostile et sombre, mais face à cette porte entourée de ronce, de mauvaises herbes, toute la bonne volonté ne serait pas suffisante. Ethan malgré toute attente, se pose face à la porte, grand et déterminé, il prend les chevilles de la portes entre ses doigts et les écrase d'un geste vigoureux et violent. Au premier abord, je fus surpris de la force d'Ethan, un simple humain n'aurait pas réussi cet exploit, mais cependant grâce à sa force, nous sentions enfin un air pur caresser nos cheveux et visages. Un soleil brillant surgit et nous aveugla, ce fut un soulagement.
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Océane Ahmed
(L1, Lettres Modernes, UPEM)
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Mis en ligne le 29 novembre 2016
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