top of page

Le métro est plus effrayant que le Corbeau, voilà, ça avait été la dernière phrase que cette sale bête m’avait dite. Et depuis j’étais coincé ici.  

Malheureux l’abrutit qui m’avait fixé de l’autre côté de la rive et qui avait semblé décidé à venir à ma rencontre malgré le désintérêt profond et l’ignorance que j’avais montrée. Entendant ce qu’il m’avait crié et maintenant qu’il m’avait vu je n’avais plus le choix. Tout seul, voilà ce que j’étais. Rencontrer quelqu’un était devenu une bonne chose, voire une solution. On avait le même souci. Et il aurait fallu être plus que stupide pour ne pas avoir accepté l’aide de qui que ce soit. S’enfuir c’était présenté comme le nouveau but de mon existence, de nos existences. Trop peu de gens été passé par ici avant lui. Plus le temps était passé et plus j’avais été à cours d’idées et de bières.  

Le plus fou dans tout cela avait été qu’après notre rencontre avec ce jeune perdu j’avais commencé à l’apprécier. Un peu agaçant au début c’est ce qu’il avait été. Seulement il s’était révélé être un réel atout pour ma survie, la preuve je suis ici. Et je vous en parle.  

Franchir les nombreux obstacles de notre course effrénée vers la vie avait été pour lui un jeu d’enfant. Francis était doué et agile, être écrivain ne lui correspondait pas et voilà où ça l’avait mené. Rédiger de longs textes et écrire de stupides romans feuilletons pour un petit journal n’était vraiment pas fait pour lui. Avant notre rencontre il avait suivi une femme pour ces écrits et cette femme l’avait piégé. Y en a-t-il beaucoup des hommes qui suivent le même chemin toute leur vie sans se rendre compte qu’il suffirait de se renouveler, de changer de branche ? Avait-il déjà pensé à un autre métier ? Non, pourtant l’écriture aurait pu rester un loisir, surtout pour quelqu’un qui avait si peur de la feuille blanche.  

Toutes nos discussions n’avaient tourné qu’autour des livres, des bouquins, des bouquins, encore des bouquins. Que pouvait-il bien leur trouver alors qu’eux-mêmes l’avait envoyé ici ? Unique était ce jeune homme.  

En vain, nous avions trouvé une solution. Le fleuve coulait vers l’orée du bois et nous avait transporté jusqu’à cet échappatoire à l’aide de ma précieuse barque. Epuisé de toutes ces émotions nous avions tout de même pris nos jambes à nos cous pour partir le plus loin possible, le plus vite possible.  

Cette grande ville s’était présentée à nous et nous avait sortis de cette idée de solitude. On était de suite partis à la recherche d’un plan pour comprendre où nous nous trouvions. Rame était le nom de la librairie dans laquelle nous étions entrés pour demander ce fameux plan. Bien idiots nous avions été d’entrer de nouveau dans une librairie. Et voilà que la porte avait disparue comme l’autre fois et la boutique s’était transformée en quai de gare. A l’arrivé du premier métro je compris que cette librairie-station ne pouvait être autre qu’une boutique de plus du Corbeau. Unique détenteur de notre avenir, le Corbeau avait eu raison : le métro était bien plus effrayant que lui, si tant est que c’était tout de même bien lui qui était sans aucun doute derrière tout ça.  

 

Marion Chevillard 

(L1, Lettres Modernes, UPEM)

​

Mis en ligne le 29 novembre 2016

bottom of page