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« Ah ! »

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Un Sifflement horrible me vrille les tympans, douloureux au point que je ne peux retenir un cri. Quelqu'un parlait de moi si je veux bien croire la croyance populaire. Peut-être un curieux critique désireux de jeter un œil à mon manuscrit ? Ou un curieux qui m'aurait suivi ? J'espère que non, fichu corbeau, maître chanteur, je n'aurais jamais eu à écrire cela sans son intervention. Je soupire et passe ma main sur mes yeux, je suis si fatiguée. Cela fait des jours que je n'ai pas dormi, maudit carrousel qui me hante jusque dans mes rêves, maudit livre, maudit curieux, maudit corbeau.

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La serveuse m'apporte finalement mon café, pendant un bref moment d'effroi elle semble autre, elle me semble un homme.

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« Ça fera trois euros »

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Je pêche la somme dans mon sac à main jaune, assorti à mon chapeau, et lui tend avec un air que je tente de rendre aimable. Elle paraît inquiète, mes cernes doivent faire échouer mon effet, à moins que ce soit le tremblement de mes mains qui me trahisse ? La serveuse détale à toutes jambes vers une autre table et me laisse à mon café, j'en ai bien besoin.

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Des jours que je travaillais sur ce bouquin, sur cet ouvrage infâme aux secrets désobligeant, à la vérité aussi trouble que les mares que j'ai dû ratisser pour lui donner une crédibilité.

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Le café est chaud et coule agréablement dans ma gorge, il me brûle mais cela a au moins le mérite de faire fuir le froid qui s'est installé dans mes mains, qui refuse de partir, qui envahira tout. Je n'aurais jamais cru avoir de nouveaux chaud un jour. Je plains le pauvre malheureux qui sera entrainé parmi mes lignes, je plains le sot qui m'aura suivi et qui se retrouve piégé au service de cet animal, comme je l’ai été.

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Le Livre est un secret, une clef, le corbeau le sait, c'est lui qui l’a ordonné, c'était là ma tâche.

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Qu'elle sera la tienne pauvre sot ?

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Wilhelmine Pariente

(L1, Lettres Modernes, UPEM)

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Mis en ligne le 30 novembre 2016

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