Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
Le jour commençait à tomber, laissant place à la nuit et au froid, mais je continuais quand même mon chemin. En cherchant correctement, je finirais bien par retrouver mon ami soudainement disparu. Mais pourquoi était-il parti ? Et sans rien me dire en plus, peut-être que quelque chose lui est arrivé… Truman Capote avait beau être un phénomène à lui tout seul, son comportement de tout à l’heure était tout de même bizarre, comme son histoire de corbeau : trouve une solution ! Réfléchis, peut-être est-il allé retrouver ce fameux corbeau ? Où se trouve cette boutique ? En me remémorant notre conversation, je me souvins alors qu’il m’avait indiqué l’endroit, vaguement certes, mais cette indication pouvait vraiment m’être utile.
— S’il vous plait ! m’exclamai-je à l’intention d'un taxi qui arrivait.
— Tout le plaisir est pour moi, dit le chauffeur après que je l’ai remercié de s'être arrêté.
Puis il m’emmena dans le centre de la ville, où j’espérais retrouver la boutique et si possible mon ami. Ladite boutique, si j’étais au bon endroit, était plutôt imposante et avait un caractère étrange. Une des fenêtres de l’étage était même recouverte de planches en bois qui formaient une croix effrayante. Si un homme corbeau faisait apparition, je ne serai même pas surpris. En essayant de voir à travers la vitrine du bâtiment, je me dis qu'il n'était sûrement pas ici. Faut vraiment que je le retrouve.
— Faites attention ! cria quelqu'un.
Regardant derrière moi, je vis que j'étais trop près du trottoir et à deux doigts de me faire écraser par un conducteur rouge de colère.
— Ah ! m'exclamai-je. Je suis vraiment désolé, je suis un peu tête en l'air.
— Y'en a vraiment qui sont timbrés ! fit le chauffeur avant de continuer sa route.
Après ce petit incident, je me concentrais de nouveau sur cette étrange boutique qui avait l'air vide. Nullement content de la tournure des évènements, je me demandais ce que je devrais faire. Trouver mon ami l'écrivain était-il si important ? Qu'est-ce que je ferai exactement ? Une partie de moi me dit que j'exagérais, et que s'il ne m'avait pas prévenu, c'était pour une raison. En même temps, il aurait pu me dire au revoir comme toute personne civilisée ! Le temps passe... tant pis, je vais rentrer chez moi. Entêté de nature, je m'étonnai moi-même d'abandonner la recherche, mais je me dis que ce n'était pas très grave et qu'après tout, il devait être en sécurité.
C'est alors que je le vis, après avoir tourné à une intersection. Ordinairement, je serai vexé de voir qu'on me laisse seul, sans explication, mais un sourire prit place sur mon visage quand je vis que Truman était non seulement en vie mais qu'il était aussi en compagnie de sa muse. Riant à gorge déployée, ils avaient l'air de bien s'entendre. Beaucoup pourraient les prendre pour un couple tellement ils semblaient heureux. Et ils l'étaient. Alors, je décidai de ne pas les déranger et de reprendre ma route, cette fois-ci c'est sûr, je rentrais chez moi ! Un nouvel épisode de roman-feuilleton m'attendra peut-être demain matin, en tout cas, je l'espérais.
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Marion Dejardins
(L1, Lettres Modernes, UPEM)
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Mis en ligne le 30 novembre 2016