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Le masque tomba au sol, je le ramassai rapidement et baissai la tête. En effet, je n’étais pas très fière. Malgré le tour que je venais de lui jouer, l’homme se radoucit. En me tendant la main, il me dit :

-Tu es la fille au chapeau jaune, n’est-ce pas ? Relève-toi.

-Oh ! Derrière toi ! Lançai-je. Et j’en profitai pour partir en courant.

-Sale gosse, reviens ici ! l’entendais-je me crier. Tu vas t’arrêter ! reprit-il. Petite Peste !

L’homme me rattrapa et me saisit par le bras. Un sourire de satisfaction s’esquissa sur son visage. Si seulement je pouvais claquer des doigts et disparaître.

-Explique-moi comment tu peux être là, déguisée en corbeau, alors que je t’ai vue sortir de la boutique, me demanda-t-il.

-Faut pas le dire, c’est un secret, fis-je.

-Faut pas le dire ! répéta-t-il. Retournons dans la boutique, je veux voir combien de corbeaux se cachent là-dedans.

À peine étions nous entrés, je saisi l’énorme vase qui trônait sur le comptoir.

-Yah ! hurlai-je en le lui brisant sur le crâne. À toute vitesse, j’arrachai le costume et sortis dans la rue.

Naturellement, je marchais comme si rien ne s’était passé. Tout le monde me regardait néanmoins avec insistance.

-Qu’est-ce qu’ils ont tous ? m’interrogeais-je.

Une dame s’arrêta devant moi.

-Est-ce que tout va bien ? demanda-t-elle gentiment.

La peur m’empêcha de répondre.

-Est-ce que je peux vous aider ? insista-t-elle.

-C’est bon ! fis-je en reprenant mon chemin.

-Oh ! Pardon mademoiselle ! reprit la dame. Regardez tout de même votre bras gauche !

Bien qu'ayant hâte de quitter le quartier, je jetai un œil sur mon bras gauche qui, en effet, était tout ensanglanté.

-Enfin ! Regardez où vous allez ! me dit un homme que j’avais bousculé.

Avec l’émotion, je n’avais même pas senti le sang couler le long de mon bras et j’essayai péniblement de stopper l’hémorragie, sans m’arrêter de marcher. Une grosse main me saisit alors par la nuque.

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A.H.

(L1, Lettres Modernes, UPEM)

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Mis en ligne le 30 novembre 2016

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