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L’homme s’approchait encore, de plus en plus près. Effrayé je tenais à prendre la parole en premier. 

« Monsieur, laissez- moi vous expliquer. 

Étonné il s’arrêta net.
- Tout m’expliquer ?
- Roger le corbeau m’a fait promettre de ne rien dire, je ne peux pas le trahir, comprenez, ma vie en dépend et, que je sache, vous n’avez rien pour m’aider en retour.
- Oh mais comment ça vous connaissez le corbeau ? Est-ce que cela signifie que vous savez où il se trouve ?
- Si je le sais ? Tristesse, vous n’étiez pas venu me soutirer des informations ?
- Pas du tout j’étais là pour vous demander votre aide ! Le corbeau m’énonçait toutes sortes de titres de livres puis il s’est envolé. Un homme de votre gentillesse ne pourrait que m’aider à le retrouver. Si je parviens à retrouver ce corbeau, je pourrais enfin résoudre l’énigme de la femme au chapeau jaune et finir mon roman. En aucun cas vous ne compromettriez mon gagne-pain n’est-ce pas ?
- Faites ce que bon vous semble, je ne suis pas là pour aider qui que ce soit mais moi aussi pour gagner mon pain. Facilitez moi la tâche et partez de vous-même je vous prie.
         Réduit à me tenir tête, il grimpait d’un bond sur ma barque et me menaçait de s’enfuir avec cette dernière. Alarmé, je criais à l’aide, en vain. Y aurait-il quelqu'un pour me sortir de cette panade ? Après tout, je m’y étais mis seul et devait réparer mon erreur seul. Ni une, ni deux, je le rejoignais sur la barque et lui lançais une pagaie.
- Tenez donc et ne me faites pas regretter mon choix, diable que vous êtes.
         Question de pratique, je me mettais à l’arrière afin de garder le contrôle. Une fois parti, je me demandais si mon choix était le bon. Et si le corbeau découvrait que j’étais à l’origine de cette trahison ? Le monstre me retirerait la vie et je regretterais à jamais le choix de la bonté. En y réfléchissant bien, je n’avais rien à craindre de cet homme, il ne cherchait que la femme au chapeau jaune et ne me causerait sûrement pas plus d’ennuie. 

         Cherchant un nouveau chemin sur ma carte, je l’entendais me parler.
- Oh mon cher monsieur, si vous saviez comme je vous suis reconnaissant de m’aider ! Rien dans cette journée ne présageait que quelqu'un d’aussi bon que vous ne me viendrais en aide. 

         Bien que son discours était flatteur, je n’avais pas l’habitude de la présence des autres et il me gênait. En restant courtois, je lui demandai donc de se taire.
         Au-delà des montagnes que nous venions de traverser se trouvait le corbeau mais mon instinct de survie me contraignait à trahir le jeune homme, il ne serait pas mon allié mais mon ennemi, je ne pouvais pas risquer ma vie.
         Une gare nous faisait alors face, il fallait descendre de la barque et rejoindre la terre ferme, je prévenais mon compagnon de voyage que l’homme avec lequel il achèterait son ticket le conduirait au corbeau. 

 

 

Shazia Kassamaly

(L1, Lettres Modernes, UPEM)

 

Mis en ligne le 30 novembre 2016 

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