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        Dès l’instant où Rocambole rentra chez lui, il ne put s’empêcher de se remémorer le déroulement de sa journée. Ébahi par le meurtre de la jeune femme, il n’arrivait pas à effacer les images dans sa tête du corps désentripaillé au bord de la Seine. Toute cette histoire l’intriguait et le fait que le policier puisse l’accuser d’un meurtre qu’il n’avait pas commis le mettait hors de lui. Il était innocent. Mais comment le prouver ? Il savait que son passé n’était pas tout propre, mais il avait tourné la page, il était passé à autre chose, il était devenu un nouvel homme. En plus, il avait des excuses. La vie n’avait pas toujours été facile pour lui. Il avait vécu dans l’une des cités les plus mal fréquentées. Ses parents n’avaient jamais fait d’études, ils n’en avaient pas les moyens et ils étaient très pauvres. Pour Rocambole, la seule solution pour se sortir de cette situation avait été de reprendre le métier de son père. Si on peut appeler ça un métier : celui-ci était dealer. Et puis un jour la police avait retrouvé mort l’homme qui avait assassiné sa mère sous ses yeux lorsqu’il avait huit ans. Les investigations ayant prouvé sa culpabilité, Rocambole s’était fait inculper.

         Submergé par ses pensées, Rocambole creusait et voyageait à travers son passé. Il repensait à tous ces crimes qu’il avait commis, avec un sentiment de regret profond. Cependant ses souvenirs n’étaient pas seulement teintés de sang. Dans l’esprit de ce grand sentimentaliste, quelques pétales venaient masquer l’atrocité du réel. Meinu, la fille de son patron asiatique, avait été follement amoureuse de lui... Il se souvenait de cette pique dorée, ornée d’un charançon en rubis, qu’elle enfonçait dans ses cheveux et qui la rendait merveilleusement charmante lorsqu’il la regardait. Or, cette fille excentrique l’avait laissé tomber au moment où il était entré en prison. Tout à coup Rocambole eut envie de retourner dans la cité de son enfance. Et s’il enquêtait de son côté, s’il rappelait pour cela son propre réseau de dealers ?

***

         Rocambole avait harcelé Meinu de plusieurs appels dans l’attente qu’ils se rencontrent. Après plusieurs refus, Meinu accepta. Ils se donnèrent rendez-vous chez Meinu qui l’attendait déjà avec impatience, mais quand même avec une once d’inquiétude à l’idée de le revoir. Elle redoutait chez Rocambole un excès de sentimentalisme. Fille d’un grand trafiquant d’armes, Meinu était l’ex-copine de Rocambole. Le style excentrique de Meinu l’avait attiré la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, et le passé mystérieux de Rocambole les avait rapprochés. Mais ils s’étaient séparés lorsqu’il était entré en prison.        
- Ah merde, j’ai écrasé quoi ? dit une voix grave derrière la porte.   
Entendant cette phrase, Meinu ouvrit pour découvrir avec stupeur Rocambole qui regardait sous ses chaussures.    
- Je crois que tu as écrasé un insecte, dit Meinu en rigolant.  
- Ouais, je crois que c’est un charançon, même, fit Rocambole ironiquement. Il n’avait jamais bien su ce que signifiait ce mot. Après que Rocambole et Meinu furent rentrés dans la maison et installés, Rocambole prit un air sérieux et commença à parler :    
- Je ne sais pas si t’es au courant des rumeurs et de ce qui se passe, demanda-t-il un peu inquiet.      
- Au sujet du cadavre, et que les flics t’ont posé certaines questions ? demanda Meinu en lui lançant un regard assez sombre.      
- Ouais, j’voulais te demander si tu n’aurais pas vu des choses se dérouler ces temps-ci près de la Seine...       
- Tu veux savoir quoi ? dit Meinu sur un ton froid.        
- Qui a fait le coup. Et je voulais te demander si tu penses, toi, que c’est moi qui ai fait le coup.          
Rocambole était dans l’attente d’une réponse. Mais Meinu ne dit rien, assez attristée. Bien sûr que non, il n’était pas coupable ; mais clairement il était trop dans la merde pour qu’elle envisage de redevenir proche de lui.         
- Y’a même pas une semaine, des hommes de Bonnie et Clyde sont venus me commander de l’arsenal, lâcha Meinu d’un ton calme. Peut-être que ça a un rapport avec ton histoire.

***

Rocambole se dirigea vers le hangar où étaient « Bonnie and Clyde », un duo né entre les blocs de ciment. L’une Tunisienne, l’autre Sicilienne, elles sont inséparables. Élevées par la rue, elles étaient déjà préparées à former un duo de grandes dealeuses ; au fur et à mesure, elles se sont fait connaître et respecter partout. 
         Devant l’énorme porte du hangar, Rocambole vit deux hommes baraqués et armés. Il demanda s’il pouvait entrer pour parler affaires. Un des hommes allait demander à Bonnie and Clyde si elles le connaissaient, mais avant cela Clyde apparut. Elle vit Rocambole, fit une tête choquée puis lui demanda de rentrer. Elle lui serra la main mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle jetait des regards méfiants vers lui. Un garde le fouilla puis le laissa passer. Quand Bonnie le vit entrer avec Clyde, elle lui lança un coup d’œil qui faisait froid dans le dos.

BONNIE : Tu veux quoi ? T’es avec les keufs ?    
ROCAMBOLE : Un service... Non, du tout, mais je fais attention, je sais qu’ils me suivent.     
BONNIE : Bah bouge de là ! Si j’ai un seul problème, tu prendras cher et t’iras aux oubliettes.        
ROCAMBOLE : Toujours aussi méchante, à ce que je vois...    
BONNIE : Avec toi toujours, je t’ai jamais aimé et je t’aimerai jamais, petite poucave. Ton service, c’est quoi ?       
ROCAMBOLE : Y’a une meuf, elle a été retrouvée dans la Seine, et les keufs comme d’hab... 
BONNIE : Et tu veux qu’on t’aide ? Avec ce que tu nous as fait, petite balance ? Allez, bouge de là, crève, on dira rien et on fera rien, allez, bouge.            
ROCAMBOLE : Et toi, Clyde ? Rien ? Je te trouve bien silencieuse par rapport à ta jolie petite coéquipière.
CLYDE : Ouais, ça te dérange ? Allez, vas-y, casse pas la tête, bouge de là. Tu trouveras rien ici, va chercher ailleurs. 

         Rocambole se tut, sous le regard meurtrier de Bonnie and Clyde. Il sortit déçu de son échange et décida d’aller rendre visite à Badgyal, son amie d’enfance, devenue fournisseuse. Celle-ci ne savait même pas qu’il était sorti de prison. Depuis quelques semaines, elle était inquiète car sans nouvelles de lui. Elle se montra affectueuse envers Rocambole et promit de jouer les intermédiaires entre lui et le duo Bonnie and Clyde...        
 

***

         Badgyal avait donné rendez-vous au café du coin au duo Bonny and Clyde. Vers 8h du matin, la jolie Tunisienne et la beauté sicilienne arrivèrent. Elles allèrent rejoindre Badgyal qui était déjà installée à une table. Elles se saluèrent. Clyde, à Badgyal : « Rocambole est venu au hangar hier.    
- Seul ?      
- On dirait. Tout était calme, l’endroit était plongé dans l’obscurité et les caméras n’indiquaient aucune présence de la police. 
- Que vous a-t-il dit ?    
- Il a commencé par me demander comment nous allions, je lui ai dit d’aller droit au but.      
- Et donc ? 
- Il demande notre aide.
- Pour ?      
- Tu te souviens de l’adolescente ? Il nous demande des renseignements. Un de nos contacts dans la police nous a dit qu’il était présent quand le corps a été repêché.
- Vous lui avez répondu quoi ?
- On voulait lui dire que pour nous, il faisait partie de notre passé, que nous l’avons jeté aux oubliettes, mais on attendait ton avis.       
- Je suis totalement d’accord avec vous, mais je ne pense pas qu’il soit devenu une balance, vous savez.         
- Peu importe, mieux vaut prévenir que guérir. Nous ne devons plus avoir à faire avec lui, je pense que le gouvernement le suit de près. À votre avis, comment a-t-il pu alléger sa peine d’autant ? Je pense qu’il a proposé de nous faire tomber, il faut se méfier de lui. S’il cherche à nous revoir, on l’accueillera à coup de roches et de cailloux.
- Vous avez raison... », admit Badgyal. Puis elle respira un grand coup et contre-attaqua : « Je sais que c’est votre chef qui a tué la jeune fille qu’on a retrouvé dans la Seine.    
- D’accord, oui, on te l’avoue seulement parce que t’es une vraie, chuchota Clyde.
- Tiens, on a même une preuve, ajouta Bonnie. Une quenotte de la victime.       
- Aaak ! Vous êtes des vraies... » reconnut Badgyal.

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L’enquête a montré la présence de plancton sur le cadavre. Il semble bien qu’une partie de la solution soit à chercher du côté de la mer. La Seine menant au Havre, où elle se jette dans la Manche, il faut donc aller dans cette direction.

Si vous suivez le pécheur polonais, vous descendez le fleuve sur la péniche de son grand-père, jusqu’à l’embouchure. Allez au 1.4.A. 

Si vous suivez Rocambole, vous cherchez des informations parmi les travailleurs du port du Havre, où notre héros a des connaissances. Allez au 1.4.B.

Si vous suivez le policier, vous allez en centre-ville du Havre. Allez au 1.4.C.

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