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                Des charançons se trouvaient près du corps inerte de Mélodie. Le tranquillisant qu’on lui avait administré n’allait bientôt plus faire effet. Ses membres étaient endoloris, ce qui lui provoqua une grimace à son réveil. La pauvre jeune fille redoutait de retrouver sa famille, ces personnes avec un style de vie qui ne lui correspondait plus depuis bien des années. La noirceur du trou où on l’avait enfermée la chamboulait au plus haut point.

                Mais l’heure n’était plus au sentimentalisme, il lui fallait réfléchir à un nouveau plan d’évasion. Des bruits de pas lourds approchaient et des éclats de voix retentissaient derrière le mur où elle se trouvait.

                Mélodie remarqua qu’on lui avait retiré de ses armes, mis à part le petit poignard caché dans la doublure de sa botte. Elle savait qu’il pourrait lui être utile.

                Un homme en habit noir, des quenottes de souris pourries jusqu’à l’os que l’on pouvait remarquer au rictus qu’il arborait en entrant dans la pièce, était muni d’une corde, dans le dessein de ligoter la jeune fille avant son réveil. Mais Mélodie avait eu le temps de reprendre ses esprits et quoiqu’un peu sonnée par les événements, elle n’avait en rien perdu de son agilité, ce qui lui permit de s’enfuir avant que l’homme, encombré par sa bedaine, ne puisse la toucher. Malgré ses efforts pour s’échapper discrètement, l’homme en noir donna l’alerte à ses coéquipiers et bientôt l’armée de son père fut à sa poursuite. « On va t’envoyer aux oubliettes ma jolie ! » entendit-elle non loin derrière.

                 On essayait tant bien que mal de lui barrer la route, de stopper sa progression tandis qu’elle se perdait dans le labyrinthe de couloirs qui s’étalaient devant elle. Malheureusement, on finit par la rattraper, l’encercler, et d’un coup de crosse de revolver sur la tempe, elle tomba. Son corps gisait de nouveau sur le sol froid et humide des caves qu’elle n’avait pu quitter.

                Elle fut de nouveau transbahutée. Cette fois-ci, on lui lia les pieds et les poings afin de ne pas renouveler « l’accident » qui avait agité toute la maison.

« Il faut croire que ta sœur cherche encore à nous quitter. J’en suis navré. » dit le Patriarche d’un ton las. Il fit un signe de la tête et son homme de main gifla sa fille devant ses yeux afin de la réveiller. Mélodie rouvrit brutalement les yeux, découvrit son père devant, qui lui inspira immédiatement du dégout. Seule face à cette organisation familiale qui avait pris de l’ampleur ces dernières années, désentripaillée, elle ne se sentait plus le courage de combattre cet homme.

                En effet, son grand-père accompagné de son fils unique avait décidé de monter une entreprise qui leur rapporterait succès et richesse dans des domaines florissants tels que le crime organisé, l’escroquerie, la vente d’armes, tout ceci sous couverture, dans la plus grande illégalité. Chaque membre de l’organisation mettait à profit des talents spéciaux, œuvrant pour faire perdurer cet héritage familial imposant. Mélodie avait hérité d’une grande capacité intellectuelle, elle raisonnait énormément, et en grandissant, elle avait conclu de son propre chef que cette vie malhonnête n’était pas pour elle. Ainsi, elle avait décidé de s’enfuir, mais c’était sans compter sur les liens familiaux, qui pour son père étaient inviolables.

                Ne pouvant plus bouger, elle se mit à penser aux quelques instants de liberté que la vie lui avait offerts, ou du moins qu’elle avait pris de force. Elle se remémora les doux instants passés à longer la Seine, retrouva de la beauté dans les paysages qu’elle avait rencontrés.

                Son père semblait troublé du silence, du calme qui envahissait sa fille alors qu’il savait pertinemment que cette situation la révoltait au plus haut point. Il imagina qu’elle élaborait encore de nouveaux plans, que c’était une nouvelle stratégie pour le faire plier. Mais il admirait son intelligence et son sang-froid et n’aspirait qu’à la garder pour lui seul au détriment de ses souhaits. Il voulait faire d’elle un maillon essentiel dans son entreprise qu’il avait repris avec fierté de son père. Il voulait qu’elle soit le reflet de sa mère, puissante, dominatrice. Une odeur de nostalgie et de conquête planait dans la pièce.

                Tout à coup, un fracas d’objets cassés se fit entendre, ce qui tira de leurs rêveries et alerta le père et la fille. Mélodie poussa un cri et pria pour que quelqu’un soit venu à son secours.

 

 

Julie SICOT (UPEM - L1 Lettres Modernes - TD2)

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