Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
Nathan fut interrompu par le serveur qui amenait deux chocolats chauds. Après avoir remercié, il raconta que cinq ans plus tôt Candice et lui étaient mariés et heureux à deux. Le … novembre 20…, ils s’étaient rendus au manoir des parents de Candice, à la campagne. Les jeunes mariés se réjouissaient de ce séjour parce qu’ils allaient quitter la grisaille parisienne. A cette époque, la jeune femme portait fièrement une broche en forme de charançon que lui avait offert Nathan pour leur premier anniversaire de mariage. Lui adorait cet excès de sentimentalisme dont elle faisait preuve à son égard, même si dans d’autres circonstances cela l’agaçait. Sur le chemin du manoir, dans la voiture, il lui avait reproché de trop souvent se laisser submerger par ses émotions. Elle ne supporta pas ces reproches et pour la première fois ils se disputèrent vraiment. Ce conflit eut pour conséquence de pousser Candice dans les bras de sa mère dès son arrivée. Cette dernière proposa alors une sortie au café pour : « calmer les cœurs et faire tremper les quenottes » comme elle avait l’habitude de dire. Pour autant, Nathan refusa en prétextant devoir vider la voiture et Candice partit avec ses deux parents mais sans son mari.
« A peine une heure après votre de départ j’ai reçu un coup de fil qui ne passera jamais aux oubliettes, dit Nathan, les yeux plongés dans sa tasse de chocolat. On m’a annoncé que vous aviez eu un accident de voiture…
- Et mes parents ? s’écria la jeune femme qui ne voulait pas croire à cette histoire.
- Ils sont morts sur le coup. J’ai même vu les ambulanciers transbahuter les corps. »
Il leva les yeux pour fixer ceux de sa femme. Toutes ces histoires avaient désentripaillé Candice et on pouvait le lire dans son regard. La belle rousse ne savait plus quoi penser. Ce Nathan avait l’air sincère, ses sentiments bien réels et son histoire vraisemblable, mais elle ne souvenait de rien.
« C’est cet accident qui m’a fait perdre la mémoire ? dit-elle lentement comme si elle comprenait en le disant.
- Oui, ta tête a heurté le siège passager et le choc t’a fait tout oublier… Tu sais, je me sentais tellement coupable de notre dispute et de t’avoir laissée partir que je n’osais pas venir te voir. Je me disais que tes parents s’y seraient opposés. Quand le courage m’est enfin venu, tu avais disparu. Tu n’étais plus à l’hôpital. Je t’ai cherchée si longtemps, avec parfois des passages à vide, mais avec tellement d’espoir. »
En parlant il s’était rapproché d’elle et il était maintenant accoudé à ses côtés. Il vit qu’elle fuyait un peu et lui demanda de rester calme. Il plongea la main dans sa poche et en sortit la broche qui symbolisait leur amour. « Fais de mon rêve une réalité et reviens habiter avec moi. Il n’est pas trop tard. S’il te plait ? »
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​​​​​Airy PICHON (UPEM - L1 Lettres Modernes)