Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
Shekspir et Lucie marchaient dans la forêt des Ardoines près du vieux parc d’attractions. Les tensions étaient apaisées. Soudain, ils entendirent un bruit. Au premier abord, ils pensèrent qu’il s’agissait d’un charançon. En fait c’était un homme qui ressemblait étrangement au rappeur. Lucie était en extase devant ce sosie. Même couleur de peau, légèrement plus grand, mêmes traits du visage... Il avait l’air débraillé. Shekspir, en homme bon, lui dit :
- Vous voulez qu’on vous aide ?
Ce à quoi l’homme répondit :
- Pas de sentimentalisme avec moi ! Tu ne te souviens vraiment pas ?
- Euh non... mais toi t’es bourré...
- Tu n’étais même pas là quand mes quenottes sont tombées. Tu as hérité de tous les biens de nos parents et moi, je suis passé aux oubliettes.
Shekspir, choqué, ne trouvait pas les mots.
- Comment ça, « nos » parents ?
- T’es vraiment un...
- Réponds à ma question !
- J’suis ton frère et j’ai été injustement transbahuté de foyer en foyer.
À ces mots, il sortit de son sac désentripaillé une photo de leurs parents. Shekspir était sous le choc, ce qui énerva son « frère » qui reprit :
- Pendant que tu gaspillais bêtement ton argent, je dormais la tête contre le bitume, j’ai vécu une véritable terreur. Je taguais sur les murs pour exprimer ma peine. Je suis devenu paranoïaque, quand j’ai appris que t’étais impliqué dans un meurtre, j’ai cru que c’était le fruit de mon imagination.
Shekspir sortit de son silence et dit :
- Comment tu sais pour le meurtre ?
Son frère répondit :
- Bah, tous les journaux en parlent.
Il s’en alla dans l’ombre sans se retourner.
Selma et Lissia