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La traversée du tunnel se déroule sans peine. Les lieux sont plutôt propres, contrairement à l’idée que Cuthy s’était faite des tunnels. Ainsi, elle est même surprise de trouver un charançon par terre, habitant paisible de ces lieux. Elle enfile le porte-jarretelles prêté par Rocambole. Cuthy réalise soudain qu’elle s’apprête à se déshabiller devant un inconnu et demande donc à Rocambole de se retourner pendant qu’elle se change. Il obtempère avec un sourire. Au toucher de la dentelle fine de la lingerie, elle oublie pourtant soudain sa gêne tandis que lui reviennent à la mémoire les accoutrements bien plus osés dont elle s’est revêtue pour ses conquêtes. C’est en souriant à son tour, non sans sentimentalisme, qu’elle ajuste le porte-jarretelles.

Après vingt minutes de marche dans le tunnel, Cuthy et Rocambole arrivent devant une échelle qu’ils escaladent. Ils sortent ainsi d’une bouche d’égout juste devant le bar Le Porte-Jarretelles. Cuthy contemple la devanture. Elle a besoin de se familiariser avec le décor avant d’y pénétrer. Elle n’a pas l’habitude d’événements de ce type qui viennent bouleverser sa vie. Elle décide donc de réfléchir à la tournure des événements.

Dehors, quelques personnes sont en train de fumer une cigarette. Cuthy remarque tout de suite les dents des fumeurs : jaunes, mal entretenues… Quelles vilaines quenottes, se dit-elle. Ses pensées vagabondent : elle repense à son premier amour qui l’a incitée à commencer à fumer.

Rentrés dans le bar, Rocambole et Cuthy s’assoient à une table dans la pièce principale. Cuthy regarde les tableaux, l’ambiance, la piste de danse. Elle n’a jamais été dans un endroit de ce style-là. Les bars que Cuthy fréquente sont bien plus tranquilles, sans musique envahissante et avec une décoration moins extravagante.

Pendant que Cuthy observe le bar, elle remarque une porte, au fond. Rocambole lui apprend alors qu’il existe une autre salle, plus secrète. Cuthy se demande s’il n’y aurait pas aussi des oubliettes.

“Nous attendons un informateur qui pourra nous aider à mieux comprendre la situation, cependant je ne sais pas quand il se manifestera”, dit Rocambole à Cuthy.

Après avoir dansé sur la piste au rythme d’une musique de Michel Sardou, Cuthy réalise qu’il est déjà sept heures du matin. On voit des personnes avachies sur les chaises, visiblement atteintes par un certain taux d’alcoolémie. Un vigile transbahute ces derniers dehors.

Peu de temps après, une personne rentre dans le bar, fait un signe à Rocambole et s’assoit à leur table.

“Excusez-moi de venir si tard, j’ai été retenu. Un nouveau corps a été désentripaillé et on suppose que l’homme pélican est dans le coup”, explique l’inconnu. Cuthy comprend qu’elle s’est embarquée dans une bien sombre affaire, mêlant meurtre et autres absurdités. Peu habituée à côtoyer autant d’histoires sordides, Cuthy, bien que choquée, décide d’écouter.

Elle observe l’homme qui vient de les rejoindre. Il est grand, habillé de façon très élégante avec un costume trois pièces bleu marine. Cuthy le trouve très distingué et il lui inspire confiance. Cet homme au profil rassurant l’incite à s’intéresser à la situation.

“Qu’est-ce que cette sauvagerie ? Qui est l’homme pélican ?” demande-t-elle à ses deux interlocuteurs. L’inconnu explique la situation. L’homme pélican serait un dangereux tueur en série qui arrive à manipuler ses proies pour pouvoir les torturer et ensuite les tuer. Avant de s’attaquer à sa victime, cet homme l’espionne minutieusement. Ce tueur a aussi été mêlé à du trafic de drogue, dont la revente d'héroïne importée de Moscou. Personne n’a jamais vu le visage de l’homme pélican, la seule information qu'ont Rocambole et l’inconnu est que cet homme a de l’acné. Cuthy apprend que Rocambole et l’inconnu sont donc à sa poursuite. “Nous faisons partie tous les deux d’Interpol, et sommes chargés de mettre un terme aux ravages humains que provoque cet homme”, prévient l’inconnu. Après ce récit que Cuthy juge extravagant et absurde, elle décide de sortir pour réfléchir à cette situation incongrue.

Éloignée de sa routine habituelle mêlant son métier de chirurgienne et ses rencontres amoureuses, elle se sent perdue. Étant une groupie des séries télévisées policières, elle se demande si ce n’est pas l’occasion de mettre un peu de piment dans sa vie en explorant un monde qui la fascine. Cuthy passe la main dans ses cheveux, une manière pour elle de se concentrer. Elle remarque un couple d’adolescents au look original : piercing, cheveux rasés, tatouages. Cuthy réalise qu’elle ne veut pas vivre la vie que la société lui impose : se lever tous les matins pour aller au travail, rentrer fatiguée en voiture, et se coucher. Pensant à une ancienne amie qui a opté pour le suicide, les mains sur les hanches, Cuthy décide de profiter de la vie et de se laisser aller à l’inconnu.

Elle retourne d’un pas décidé dans le bar, prête à aider ces deux personnes qui lui étaient encore étrangères il y a moins de quelques heures. Lorsque Cuthy arrive, les deux hommes sont en train de parler.

“Cet homme agit épouvantablement et...” continue Rocambole avant de découvrir que Cuthy est revenue.

“Je suis prête à vous aider. J’ai réfléchi et j’ai envie de m’impliquer dans votre recherche de l’homme pélican. Ce boutonneux ne me fait pas peur”.

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Solène Gochard-Lezebot, IUT de Vélizy

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