Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
Omg elle m’a reconnue. Merde. Pourquoi il est là, lui. Et pourquoi il l’a ramenée, elle.
“Bien le bonjour, Perrie, je m’attendais à vous trouver ici. J’avais même prévu mon porte-jarretelles pour entrer incognito”. Il a l’air fier de lui en plus ce con.
“D’où tu reviens encore me casser les couilles, et qu’est-ce qu’elle fout là ?”
Il a pas l’droit quoi, j’lui ai déjà tout expliqué. J’ai plus rien à faire avec ce type. Et puis il est trop louche. J’en peux plus de l’entendre causer comme ça bordel.
“Vous vous connaissez déjà ? J’en suis fort surpris ! Et bien dans ce cas on peut passer aux choses sérieuses tout de suite, vous ne croyez pas ?”
Il faudrait p't'être pas être en mauvais termes avec lui … Il pourrait m’attirer des ennuis. De toute façon dès que ce gars-là s’approche de quelqu’un, y s’passe des trucs pas nets ...
“Écoute bonhomme, j’ai à faire, là. Tu vois la gow là-bas ? J’vais la pécho et j’vais la ramener dans ma piaule pour faire c’que font les grandes personnes. T’sais quoi ? On se fixe un brunch demain, 14h, au Caveau des oubliettes. Discretos. J’veux pas que tu reviennes ici tu vois. C’est mon spot, maintenant. J’ai mes habitudes. Viens pas tout gâcher mec.”
Il a accepté. J’espère qu’il se ramènera pas avec elle. J’sais pas pourquoi je lui avais dit oui. Mais elle a quel âge. T’as vu sa tête. Putain Perrie, ma pauvre fille, tu vaux mieux qu’ça merde.
Allez, dégagez maintenant … Ouuuuuui, c’est ça, par la porte. Hors de ma vue. Parfait.
Laissez-moi profiter du dancefloor.
Mais impossible de me le sortir de la tête.J’ai pas envie de rev’nir sur cette période de ma vie. C’était bien assez chelou comme ça. Mais j’crois que ça me lâchera jamais. Karma is a biatch.
Askip je devrais lui être redevable. Après tout, c’est Bambole qui m’a sortie de ce foutu syndrome de Stockholm. J’ai passé trois ans de ma vie avec celui qu’ils appellent aujourd’hui l’homme-pélican. Il m’a volé TROIS PUTAINS D'ANNÉES. Mais il a fait quoi, après m’avoir sauvée, ce Bambole ? Ben, il m’a séduite aussi. Évidemment. Et il en a profité le crevard. Malgré ma douleur. Il s’intéressait jamais à moi, il allait voir les autres putes tout le temps. Tous les mêmes, ces mecs. C’est pas possible bordel. Des abrutis, des chiens, des putains d’obsédés du cul. Ils pensent juste avec leur teub. Mais c’est terminé maintenant, plus jamais ça.
Viens ma belle.
“C’est quoi ton nom ?
— Anna”
Ouais, joli. On va passer une bonne nuit toutes les deux tu vas voir.
* * *
Elle est partie à l’aube j’crois. Tant mieux, elle était pas ouf en vrai. J’trouv’rai mieux la prochaine fois hein.
Assez pioncé, faut se bouger pour pas être trop à la bourre à ce rendez-vous.
On va enfiler ce jean, avec un p’tit pull. Ok ça passe crème, j’suis pas dégeu. En route.
Métro, métro, métro. Insupportable, tous ces gens qui puent ici. Mais lavez-vous wesh !
“Salut Rock ! Bien ou bien ?
— Yo Perrie, tranquille et toi ?
— Izi. J’m’attarde pas, ya des bails là-bas. A toute bro.”
C’est un type bien celui-là. Il bosse de dingue depuis le suicide de sa femme. Alors quand il a un peu de temps il traîne avec sa dent de requin dans les bars du coin. J’le croise souvent. Askip il est pd, c’est p’t’être pour ça qu’on s’entend bien.
J’avoue souvent j’suis trop dure avec les mecs. Y’en a des pas méchants. Et y a des nanas chiantes aussi…
“Daaaaaamn meuf, t’es toute seule ? Il est où Bambole ?
— Perrie, j’ai besoin de ton aide. Rocambole s’est fait kidnapper.”
WTF.
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Cyrielle Anzieu, IUT de Vélizy