Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
Il était temps que je lui dévoile certaines choses. Elle me suivit jusqu’à l’étage où j’avais rangé des vieux ouvrages sur la mythologie grecque.
« Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ? Pourquoi sommes-nous plantés devant ce gros livre plein de poussière ? » dit la jeune femme.
Elle avait cette manie constante de se plaindre ! Mais cette fois-ci, avant qu’elle ne puisse poursuivre, le livre s’ouvrit comme par magie. Une lumière dorée nous aspira et nous fûmes prisonniers du tourbillon pendant qu'elle criait qu’elle allait mourir et que tout ceci serait uniquement de ma faute.
Nous atterrîmes dans le quartier latin, à Paris. Avant de commencer quoi que ce soit, je lui devais des explications sur ma vraie nature. Comment annoncer à une personne qu’on est magicien ? Comment lui dire qu’elle allait risquer sa vie dans cette folle aventure qui nous attendait ? Je me risquai :
« Joséphine, je ne suis pas l’homme que vous croyez. Cela va vous paraître impossible, mais je suis issu d’une famille de magiciens. Depuis toujours, nous visitons les livres et nous changeons leur fin afin de les rendre plus joyeux. En ce moment, mon père est souffrant et je dois prendre le relais ».
Elle me tourna le dos, comme vexée, et rentra sans rien dire dans une miteuse pension. C’était celle de Madame Vauquer. Je montai les escaliers, en sa compagnie, jusqu’au dernier étage, et nous entendîmes un vieil homme tousser.
« Anastasie ? Delphine ? Juste ciel ! C'est vous ? »
Quand il nous vit entrer, la déception s'étala sur son visage en sueur. Le père Goriot était malade, et même ma magie fut dans l'incapacité de l’aider. Je me devais donc de lui offrir un beau départ. Je pris le livre entre mes mains et lui murmurai mon souhait. Celui-ci fut d’ensorceler ses deux filles pour qu’elles aiment leur père pour l’homme qu’il était, et non pas pour la richesse dont il disposait. Soudainement, le livre nous refit voyager dans sa lumière éblouissante. Nous nous trouvâmes dans un cimetière. C’était le Père-Lachaise. Je compris alors que le père Goriot était mort et que nous avions fait un bond dans le temps. Son enterrement fut l’un des plus grands que Paris ait connus. Beaucoup de monde attendait à l'extérieur pour déposer sa fleur sur la tombe de l’homme bienveillant qu’il fut. Ses filles, aux côtés de Rastignac, étaient au premier rang et regrettaient leur père bien aimé.
« C’était plutôt réussi pour un voyage dans un livre, monsieur le magicien ; votre père sera fier de vous » me murmura Joséphine dans l'oreille.
- Voulez-vous poursuivre cette folle expérience avec moi ?
- Je ne peux plus reculer à présent. "
Le livre nous emporta de nouveau pour une nouvelle aventure.
BEGUE Nicolas, HASSAN Kenza
Élèves de 1 ES1 du lycée Emily Brontë
le 28 mai 2017