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Laissé sous le choc de cette discussion, je ne pus bouger. Après quelques secondes, je commençai à reprendre mes esprits. Mes émotions glissèrent de la tristesse à la colère, puis à la remise en question. Orgueilleusement je considérai cela comme un très mauvais signe. Remise en question signifiait lourdes pensées auxquelles je n’avais pas envie d'ouvrir la porte. Tourner le dos signifiait vouloir les oublier, et les oublier voulait dire boire.
Nier la réalité avait été mon échappatoire pendant des années ; cette conversation m’avait ouvert les yeux pendant une fraction de seconde : il fallait que cela cesse. Enhardi, je passai le seuil de ma maison.
Si on peut appeler cela une maison ; je pris toutes les bouteilles que je gardais précieusement chez moi, même ce fameux nouveau bordeaux, et les jetai une à une dans un immense fracas. Tremblant, je contemplais le verre se briser et le liquide se répandre.
Pacifié instantanément, je sentis ma colère retomber. Au soir tombé j’étais sobre, couché correctement dans mon lit, pas en travers ou la tête à l’envers. Simplement, correctement. Un sourire heureux flottait sur mes lèvres. Naviguant vers des rêves paisibles, je me dis que cela pouvait m'arriver plus souvent et qu’il fallait absolument que je retrouve Joséphine le lendemain. Émergeant à huit heures, je compris que la pluie s’était arrêtée ; le soleil traversait les carreaux et venait me réchauffer le visage.
Finalement cela s’annonçait comme une belle journée. Impatient de retrouver Joséphine, j’avalai un café en vitesse et pris le chemin de la veille. Ne sachant pas où elle habitait, je retournai à Paris Cœurs et suivis le chemin par lequel elle était arrivée. En bout de piste, trois rues me faisaient face. Ne sachant pas laquelle choisir, je pris la première à gauche. Systématiquement je demandai à toutes les personnes que je croisais s'ils connaissaient la jeune femme que je leur décrivais. Opportunément, une vieille femme m’indiqua que Joséphine habitait au numéro 13 de la même rue. Ineffable fut le soulagement qui me submergea.
Arrivé au troisième étage de l'immeuble, je regardai toutes les portes. L’une d’elle était entrouverte. Je frappai  mais ne reçus pas de réponse. J'entrai en demandant : « Il y a quelqu’un ? » Toujours aucune réponse. Plus j’avançais dans l’appartement et plus une sensation bizarre me saisissait. Puis tout d’un coup ... je la vis allongée par terre, une flaque de sang entourant son corps et une lettre posée sur la table.

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MARTINON Vicky
Elève de 1 ES1 du lycée Emily Brontë
le 25 août 2017

 

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