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-Mais oui ! Tu es cet auteur de roman-feuilleton là… c’est quoi déjà ton nom ? dis-je à ce type égaré. Capote ! Truman Capote ! C’est bien ça ?

Il était médusé ! J’avais l’impression qu’il voulait parler mais aucun son ne sortait de sa bouche.

-Viens, tirons-nous d’ici, ordonnais-je en lui prenant le bras.

Nous revînmes vers la boutique dans laquelle je l’avais suivi. Je ne comprenais pas son état. Plus tôt, je l’avais aperçu dans la rue, il entrait dans la boutique, il semblait aller bien. Et maintenant il était comme sous le choc de…

-Le corbeau, où est le corbeau ? dit-il.

-Quel corbeau ? lui demandais-je en le trainant dans la rue.

Il m’expliqua qu’il était entré dans cette boutique parce qu’il suivait une fille avec un chapeau jaune. Lorsqu’il était entré derrière elle, la fille avait disparu et à sa place il y avait un corbeau cinglé qui l’avait abandonné là, enfermé dans la boutique.

-Allons boire un café, proposai-je.

En entrant dans le café, je lui fis part de mon admiration et insistai sur le fait que j’avais hâte de pouvoir lire son prochain épisode.

-Page blanche ! lâcha-t-il.

-Quoi ! toi ? Tu n’es pas sérieux ! répondis-je.

Il insistait, m’expliquait que ça arrivait à tous les écrivains. Il était nerveux. J’avais l’impression qu’il cherchait quelque chose du regard, dans la rue derrière moi, l’inspiration sans doute. Je me retournai pour voir à mon tour ce qui pouvait l’intéresser. Il n’y avait rien de spécial, à part peut-être cette fille mignonne qui s’apprêtait à entrer dans le café : joli petit minois encadré d’un chapeau jaune…

-N’est-ce pas la fille que tu suivais tout à l’heure ? lui lançai-je avec un petit sourire en me tournant à nouveau vers lui.

Mais il n’était plus là ! Du regard, je balayai la pièce mais ne le vis point. La fille, en revanche s’était assise un peu plus loin et commandait un thé citron. C’est vrai qu’elle est drôlement jolie, pensais-je. Il va être content de la retrouver, mon ami l’écrivain, à son retour des toilettes. Au bout d’une vingtaine de minutes, je ne le voyais pas revenir. La fille avait presque fini son thé. Je me décidai alors à aller faire un tour aux toilettes. Mon écrivain n’y était pas. Déçu, je retournai m’assoir et réfléchissais à ce que je pourrais dire à la fille. Mais elle aussi avait disparu ! Je regardai vers la rue : personne.

 

A.H.

(L1, Lettres Modernes, UPEM)

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Mis en ligne le 23 novembre 2016

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