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Mince. L’informatrice de Rocambole était donc Perrie. Cette même Perrie qui m’a posé un lapin plus tôt dans la soirée. Mon ventre me fait mal, et je voudrais être n’importe où sauf là. Peut-être est-ce le fait d’être assise près d’une femme que j'aurais souhaité ne pas revoir… Ou alors cette odeur atroce qui me donne envie de sortir de ce bar depuis tout à l’heure. D’ailleurs, pourquoi ai-je choisi de suivre cet improbable personnage ? D’accord, j’adorais lire ses aventures du temps de l’orphelinat, mais finalement, je n’ai rien à voir avec son histoire d’homme-pélican, de mafia russe, et de porte-jarretelles !

— Une boisson vous désirez ? me dit un serveur en mini-short que je n’ai pas du tout vu arriver.

— Euh, non merci, je n’ai pas très soif.

À côté de moi, Rocambole converse avec Perrie. Je n’ose même pas regarder dans sa direction tant elle m’a déçue. Tiens! Là voilà qui se lève, remet son chapeau melon, et quitte la table. Rocambole se tourne alors vers moi :

— Faites attention ! Certains dans ce bar connaissent bien l’homme que je recherche…

— Vous voulez-dire ce fameux homme à tête de pélican ?

— Chut ! Evitez d’en parler à voix haute… C’est une personne très respectée dans ce bar ! Il devrait arriver d’ici quelques minutes, d’après mon informatrice.

— D’ailleurs, je pense que je vais y aller… Je ne me sens pas très bien, et puis…

— Ah, ça ne va pas être possible ! Je vous avais dit que j’avais besoin de vous lorsque nous étions dans le tunnel.

— Mais vous ne me connaissez même pas ! Je ne suis rien d’autres pour vous que la femme qui vous a sauvé de cet homme-pélican.

— Au contraire. Mon contact m’a donné pas mal d’informations : je sais maintenant que vous vous appelez Cuthy Burges, vous êtes chirurgienne orthopédique, vous avez 56 ans et êtes d’origine nord-irlandaise...

— Monsieur, servi vous êtes, dit le serveur, en versant le whisky que Rocambole avait commandé.

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Pourquoi donc Perrie avait-elle parlé de moi à Rocambole ? Je ne sais plus vraiment où j’en suis… Et si Perrie m’avait draguée jeudi soir pour en apprendre plus sur moi et donner toutes ces informations à Rocambole ? Mais dans quel but?

— Je sais, tout cela est très compliqué. Pour vous simplifier les choses, moi et mon informatrice, Perrie, enquêtons sur cet homme-pélican et ce bar depuis un certain moment. Nous avons cherché à entrer en contact avec vous car vous l'avez opéré il y a trois semaines. De plus, j’ai besoin qui puisse le distraire.

— Mais pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?

— Ecoutez : j’ai pour objectif de le capturer. J’en ai besoin, donc aidez-moi !

— Bon, bon… Je ne sers que de diversion après tout, donc ça ne devrait pas me poser trop de difficultés.

— En effet. Vous voyez la table là-bas ? C’est là que l’homme-pélican a pour habitude de s’asseoir. Comme vous le connaissez un peu, allez-le voir et parlez-lui. Pendant ce temps Perrie ira occuper le serveur boutonneux en mini-short qui était là tout à l’heure. Je le connais, il est dangereux.

 

La porte s’ouvre, et le fameux homme-pélican apparaît. Quand on y pense, un homme pélican, cela semble grotesque... Il va simplement s’asseoir à une table. Deux danseuses viennent à ses côtés. Je passe près de Perrie en train de discuter avec le serveur.

 

— C’est un charmant bar dans lequel vous travaillez. C’est la première fois que j’y vais et j’aime beaucoup l’ambiance.

— De l’entendre je suis ravi. Il y a cinq ans une pizzeria le patron a rachetée. En Le Porte-jarretelles il l’a renommée.

 

J’arrive devant l’homme-pélican.

— Bonjour. Vous vous souvenez de moi ? Je suis le docteur Burges. Je vous ai opéré il y a quelques semaines. En novembre dernier, il me semble.

— Ah, bonjour. C’est surprenant de vous voir dans un bar comme celui-ci, surtout à un tel moment de la journée. J’ignorais que vous étiez une adepte du porte-jarretelles.

— Vous savez, je...

 

Tout à coup, plus de lumière. Un verre se brise. Les clients s’agitent. On me bouscule, et je tombe à terre. En essayant de me relever je regarde à gauche, à droite, et distingue vaguement Rocambole aux prises avec l’homme-pélican. J’entends des coups, ils se battent. Un crissement de pneu vient de la rue juste à côté. J’aperçois deux silhouettes masculines qui entrent dans le bar. Ils crient dans une sorte de langue d’Europe de l’Est, mais je distingue les mots “Rocambole” et “Pélican”. Quelqu’un me prend par le bras, je crois que c’est Perrie. Nous sortons du bar, et elle me fait monter dans ce qui semble être la voiture des deux hommes. Une personne s'assoit à côté de moi. Je ne distingue pas bien qui c’est.

 

— Madame Burges, pour cet enlèvement inattendu vous m’excuserez, mais de Rocambole je dois vous éloigner.

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Florent Babin, IUT de Vélizy

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Où l'histoire une nouvelle dimension prend.

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