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Cassandra se sentait vidée, déambulant dans les rues, cherchant son chemin. Elle se sentait transbahutée de toutes parts, des vertiges la submergeaient par vagues et son estomac n’arrêtait pas de se retourner. Devenant complètement paranoïaque, elle croyait voir cet homme à chaque coin de rue, le confondant avec des passants tout à fait ordinaires. Par chance elle vit l'entrée du parc, se faufila dans les différentes allées, et se rasséréna en voyant des enfants courir et jouer, le sourire aux lèvres.
Au loin, elle vit Simon l'attendant sur un pont en bois assez atypique, que Monet aurait adoré peindre. Le soleil était à son zénith, le visage du jeune homme se reflétait dans l'eau et ses cheveux blonds brillaient. Elle le voyait tel qu’il était : un jeune homme normal de dix-huit ans, toujours avec ses jeans troués et ses baskets usées comme sa veste. Simon représentait pour elle son point d’accroche, le frère qu'elle n'avait jamais eu. Cassandra aimait se réfugier chez lui lorsqu'elle se disputait avec ses parents adoptifs, car la vie n'avait jamais été facile pour elle. Simon était le seul qui la comprenait, qui la connaissait depuis l'enfance. Un jour, alors qu'elle avait sept ans, elle avait perdu une quenotte en tombant sur le bitume et pleurait toutes les larmes de son corps ; Simon l’avait réconfortée. Elle se remémorait les longues après-midis d'été passées chez lui dans sa chambre d'adolescent toujours en désordre et les brouillons éparpillés, ici et là, de ses poèmes remplis de sentimentalisme. Et son chat, qui mangeait toujours des charançons et s'amusait à les désentripailler
Sortant de son monde et de ses souvenirs, elle se rua sur Simon et lui sauta dans les bras. Son odeur familière la fit craquer et elle éclata en sanglots.
- Cassandra, que t'est-il arrivé pour que tu sois dans un état pareil ?
- Je suis désolée, sanglota-t-elle.
- Je croyais que tu m'avais mis aux oubliettes, lui répondit il.
Elle sourit malgré son chagrin.
- Jamais, tu le sais bien, jamais je ne te laisserai tomber.
Elle se dégagea de son étreinte et ils s'assirent tous deux, les jambes ballantes au-dessus de l'eau.
- Alors, explique-moi ce qui t'est arrivé.
- Je sais, je suis désolée ... Elle hésitait à lui raconter ce qui s'était passé, il la prendrait pour une folle, un homme immortel et elle, le sosie de sa femme décédée des siècles plus tôt… Comment expliquer cela, devait-elle vraiment y croire ? Elle ne savait plus trop quoi penser, tout avait été si confus ces dernières heures.
- Je crois que si je te le disais, tu me prendrais pour une folle.
- Dis toujours. 
Elle essaya de lui raconter la nuit dernière sans omettre trop de détails : l'usine abandonnée, son malaise, l'homme immortel et sa femme décédée qui lui ressemblait trait pour trait. En lui racontant tout cela, elle voyait le visage de son ami se décomposer.
- Tu avais raison, c'est complètement dingue, un être immortel et toi, qui es tout simplement la réincarnation d'une femme morte des siècles plus tôt.
Elle n'eut pas le temps de lui répondre, car elle vit surgir de l'autre coté de la rive l'homme de la nuit passée. Elle crut au début que c'était encore le fruit de son imagination, son cerveau devait sans doute lui jouer des tours à cause de  tout ce stress accumulé, mais ses espoirs s'envolèrent en fumée quand elle sentit Simon se raidir à ses côtés ; il avait dû voir la même chose qu'elle.
- N'est ce pas l'homme dont tu m'as parlé, que j’aperçois là-bas ?
- Malheureusement pour nous, c'est lui. Il faut qu'on parte. Viens !
Ils se levèrent tous deux d'un bond et partirent en vitesse en passant par les fourrés, car ils connaissaient le parc par cœur. Ils sortirent rapidement du parc et tombèrent dans une rue bondée, égayée par le bruit des klaxons.
- Bon, où va-t-on maintenant, demanda Simon.
- Par là.
Ils se retournèrent tous deux et bifurquèrent dans une autre rue, mais malheureusement pour eux, l'homme refit son apparition alors que les deux jeunes gens marchaient hâtivement.
Ils crièrent de peur et firent volte face, voulant prendre leurs jambes à leur cou, mais l'homme corbeau ne leur en laissa pas le temps et les entraîna de force dans une ruelle adjacente déserte.
- Que nous voulez-vous ? cria Simon.
- Je suis revenu la récupérer.
- Ce ne sera pas possible, il faudra me passer sur le corps.
Cassandra, qui s'était réfugiée derrière Simon, avait le souffle court, paralysé par la peur. Elle fut prise par surprise quand l'homme-corbeau plaqua Simon au mur avec la force d'une bête et le fit trébucher. Cassandra se précipita aux pieds de son ami. L'homme les dominait de tout son être.
- Cassandra, choisis ! Suis-moi docilement et je ne ferai aucun mal à ton ami, ou bien j'utiliserai la force pour te récupérer, et ce ne sera pas très joli.
- Je vous suis. 

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Si vous voulez connaître les intentions de l'homme-corbeau, courez en 7.4.A

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Calypso GUERIN, Claire SZCZYRKO
Seconde option  "Littérature et société" du lycée Emily Brontë
Le 04 janvier 2017
 

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