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Cassandra observait avec sentimentalisme le paysage doré des champs, accoudée sur son balcon. Elle s’obligeait à ne pas penser, trop effrayée que sa mémoire ne revienne à ces heures d’angoisse, où sa raison semblait s’être arrêtée. L’adolescente adorerait que tous ses souvenirs finissent aux oubliettes.
Plusieurs images de sa fuite lui revenaient pourtant. Elle se crispa. Elle se rappela du mur rempli de cœurs, des cœurs qu’il avait semble-t-il dessinés après sa mort… Elle frissonna et essayait de se raisonner. Il devait être fou. Cela ne pouvait pas en être autrement. La jeune fille n’était pas morte. Elle était bel et bien vivante, elle pouvait sentir l’agréable odeur d’herbe fraîchement coupée, entendre le vent siffler à ses oreilles, toucher la rambarde en bois.

À ses yeux, elle avait tout de vivant. Il devait la confondre avec quelqu’un. Une mine déconfite se dessina alors sur son visage. Elle aurait peut-être dû l’aider. Après tout, il n’avait pas cherché à lui faire de mal… Et pourtant, Cassandra avait fui et au fond d’elle, la jeune fille espérait plus que tout qu’il ne l’ait pas suivie.

Une sensation désagréable l’arracha à ses pensées. Un charançon grimpait sur son bras. Elle le repoussa, un air de dégoût sur le visage.
C’est alors qu’un son effrayant la fit sursauter. Ses poils se hérissèrent tandis que sa respiration s’accélérait. Et si c’était lui ? Elle s’empara d’un balai avant d'entrer dans sa chambre. Cassandra était persuadée d’entendre des bruits de pas provenant des escaliers. Prise d’un élan d’adrénaline, la jeune fille transbahuta le bureau contre sa porte.

Elle attendit quelques minutes, son ventre semblant se désentripailler à chaque seconde qui passait. Un grincement lugubre retentit. Elle tenait le balai fermement, prête à attaquer, puis un bruit de ferraille la fit tressaillir. Elle fronça les sourcils et aperçut une minuscule fissure au centre de la porte. Un second coup l’obligea à reculer. La porte tremblait en même temps que son angoisse grandissait. Un dernier fracas gronda. Un cri de frayeur s’échappa de sa gorge. C’était bien lui, encore portant ce terrible masque.

Son courage disparut aussi vite qu’il était venu et elle ne trouva comme seule alternative que de sauter du balcon. Elle courut jusqu’à celui-ci et se pencha dangereusement. C’est au moment où il approchait sa main de sa longue chevelure brune qu’elle sauta.
Son corps s’écrasa violemment contre le gazon. Une forte douleur traversa tous ses membres. Elle porta faiblement sa main jusqu’à sa bouche et en sortit en toussant une quenotte ensanglantée.

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BAEKELAND Justine
Seconde option  "Littérature et société" du lycée Emily Brontë
Le 25 mai 2017

 

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