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Cassandra eut beaucoup de mal à forcer ses paupières à s'ouvrir. Elle sentait le froid du sol sous elle et les dalles en pierre sombre lui râpèrent les avants-bras quand elle s'appuya sur ses coudes. Un mal de tête l'assaillit et elle se souvint que sa tête avait cogné contre un rocher en tombant. Elle était encore étourdie par la chute mais parvint tout de même à se lever, touchant le mur le plus proche pour soutenir le poids de son corps. Elle jeta un regard circulaire  aux alentours et ne reconnaissant pas la pièce dans laquelle elle se trouvait, avança avec précaution, la visibilité étant très réduite. Elle tâtonna longtemps à essayer de trouver ses marques dans ce lieu qui ressemblait à s'y méprendre à des oubliettes ou à un cachot. Un faible rayon de lumière passait par l'interstice d'un morceau de bois fissuré et un léger souffle d'air filtrait. Ce soupir qui semblait maintenir sa vie entre ces murs froids lui redonna un mince espoir d'échappatoire. Elle s'avança lentement dans le vide de cette pièce et, ne sentant pas d'obstacles surgir, se rua vers sa future liberté. Elle s'acharna à ouvrir et casser le morceau de bois, employant toute sa force, s'arrachant les ongles et s'écorchant les mains. Elle hurla de rage et de douleur, ne pouvant sortir de cette prison, tapant des pieds contre le sol poussiéreux qui gardait la trace de ses pas.
Elle s'affala par terre, n'en pouvant plus et espérant que le temps et la réflexion lui permettraient de trouver une solution à cette situation sordide. Un charançon lui grimpa sur la jambe, avec dégoût elle le chassa d'un geste vif de la main. Le petit animal retomba sur dos et agita rapidement ses pattes pour se remettre à l'endroit. Elle avait l'étrange et oppressante impression d'être épiée depuis un moment et d'entendre des sifflements désagréables ainsi que de lointains murmures. Des gouttelettes d'eau tombaient d'une stalactite de pierre, produisant de temps à autre des "ploc !" sonores qui se répercutaient telle une petite musique entêtante.
Ce n'était peut-être qu'une simple intuition ou son imagination, mais depuis qu'elle s'était évanouie, elle se voyait transbahutée d'un endroit à un autre et même sa tête refusait toute lucidité dans sa situation morbide.  
Des pas tapant contre la pierre résonnèrent secs et limpides dans le silence absolu, ce qui provoqua en elle un hoquet de surprise. Corbeau… c'était lui… Elle implora silencieusement son ami d'enfance Simon, qui avait toujours été là pour elle. Elle savait pertinemment qu'il ne viendrait pas, qu'il ne devait pas savoir où elle se trouvait, mais elle priait fortement pour elle-même, pour se rassurer ne serait-ce qu'un tout petit peu.
Un bruit de clé qui tourne, une lueur aveuglante …  ses yeux mirent du temps à s'habituer à la clarté du flambeau qu'avait amené Corbeau. Quand elle put enfin voir clair sans plisser les yeux, elle remarqua avec horreur que Corbeau la dominait de toute sa hauteur. La pauvre Cassandra se mit à trembler de tout son être et à se recroqueviller sur elle-même. Elle entendait ses quenottes s'entrechoquer. Cet individu qui se tenait en face d'elle avec son masque pointu lui faisait peur et elle n'osait bouger, de peur de ce qui pourrait lui arriver, mais aussi parce qu'elle était tétanisée.
- Cassandra…
    Sa voix était grave et semblait se répercuter contre les murs formant un écho. La froideur de la pièce créait des nuages blancs quand son geôlier expirait de l'air.
Cassandra réussit malgré tout à articuler très péniblement ces deux questions, guettant le moindre mouvement suspect.
- Qui… qui su… suis-je pour… pour vous Corbeau ? Co… comment co… connaissez-vous mon… mon… mon nom ?
    Il souffla de dépit, enleva son masque et la regarda de ses yeux gris acier chargés de tristesse et d'un certain amour mélancolique. Il la regarda intensément et se pencha beaucoup trop près d'elle. Elle aurait peut-être apprécié un moment romantique comme celui-là avec Simon qu'elle aimait secrètement, mais avec cet individu ignoble qui lui donnait envie de vomir, hors de question ! Le sentimentalisme de Corbeau ne l'atteignait pas, lui procurant plutôt un sentiment de répulsion. Son aversion pour lui, lui donnait envie de le désentripailler. Ce Corbeau s'était-il regardé dans une glace ? Comment avait-il osé l'embrasser de force pour enfin l'enlever ?
- Nous étions destinés à vivre heureux… mais le temps nous a pris de court, mon amour… le temps nous a séparés.
- Vous divaguez… je ne suis pas votre Cassandra…
- Tu lui ressembles tellement…
    Il lui caressa tendrement le visage de sa main gantée.
- Si seulement je n'étais pas ce que je suis aujourd'hui… j'aurais pu rester à tes côtés toute l'éternité… Mon amour… je t'ai perdue à jamais...
    Voir Corbeau dans cet état de nostalgie provoqua un pincement au cœur de Cassandra. Il n'était peut-être pas si mauvais, n'ayant pas de mauvaises intentions à son égard. Et puis non ! Il l'avait tout de même enlevée !

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  • Si vous aimez être surpris, allez en 7.4.C


Lisa CHAPUT, Laura DINH, Hamidou KONATE, Joanna GONCALVES
Seconde option  "Littérature et société" du lycée Emily Brontë
Le 15 juin 2017

 

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