Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
Alors que l’homme était assis au bord du fleuve, je l’observais discrètement depuis l’autre rivage. Il avait la tête entre les genoux et ne la relevait que de temps à autre, le regard vide et le visage désemparé.
Je me surpris alors à ressentir de la peine à son égard. Il avait l’air si triste et apeuré. Je ne savais que trop bien dans quelle situation il se trouvait. J’avais connu tout cela avant lui…
Cependant je me ressaisis rapidement. Après tout, personne ne m’avait aidé moi, je n’allais pas me mettre volontairement en danger pour le premier inconnu égaré. Oh satané corbeau ! Sans lui, rien de tout ça ne serait arrivé, personne ne serait piégé dans ce calvaire. Il était le seul coupable de nos mésaventures. La jeune femme que j’avais aperçue avait dû découvrir la vérité à son sujet.
Tandis que je continuais à maudire cette situation et son initiateur, l’homme se releva précipitamment, et regarda en ma direction. Nos regards se croisèrent. Il m’avait vu. Soudain il se mit à courir en direction du petit pont sur sa droite afin de rejoindre la rive sur laquelle je me trouvais. Mon corps se pétrifia. Que devais-je faire ? Il fallait prendre une décision. L’aider en risquant ma vie ? Partir en courant ? Le choix était fait malgré moi, je ne pouvais bouger la moindre partie de mon corps, j’étais comme cloué au sol, stoïque, incapable de quoi que ce soit. Seules mes pensées s’agitèrent, je paniquais, je ne parvenais pas à imaginer notre conversation et la manière dont elle allait tourner.
Je le vis s’approcher à grands pas, je pouvais maintenant percevoir son visage, sa mine attristée s’était transformée, son regard était empli à la fois de colère et de détermination. Je n’avais plus le choix, je devais en faire un allié, j’étais le seul à savoir où était le corbeau et il était le seul à pouvoir me faire sortir d’ici.
Maéva de Sousa
(L1, Lettres Modernes, UPEM)
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Mis en ligne le 23 novembre 2016