Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
LA FEMME AU CHAPEAU : Viens vite, suis-moi, Shekspir !
SHEKSPIR : Merci pour le coup de main, mais t’aurais pas dû prendre de tels risques pour moi. En plus tu me mets dans le pétrin. Avec ce que tu as fait je vais prendre minimum dix ans de prison. Fichu, je suis fichu. J’étais innocent, maintenant je suis ton complice. Je vais passer du summum à la bad loose.
LA FEMME AU CHAPEAU : Ne t’inquiète pas, ils ne t’attraperont jamais, je te garde précieusement, tu es mon trophée. Je ferais tout pour toi, Shekspir, tu es le meilleur rappeur du monde !
SHEKSPIR : OK... Mais on est où, là ? Faut se cacher maintenant, c’est trop dangereux ici, en plus je sais même pas pourquoi les condés[1] m’ont arrêté…
LA FEMME AU CHAPEAU : Voilà, on est arrivés. C’est un parc d’attractions abandonné ! Ici nous ne serons pas recherchés par la police. Viens, moi j’habite dans le Space Mountain !
SHEKSPIR : Mais t’habites vraiment ici ?
LA FEMME AU CHAPEAU : Ouais ! Ça te plaît ?
SHEKSPIR : Euh... c’est spécial.
LA FEMME AU CHAPEAU : C’est ici, le Space Moutain. Installe-toi dans le canapé, c’est les sièges du manège.
Shekspir s’assoit. La femme au chapeau s’assoit aussi et se rapproche de Shekspir.
SHEKSPIR : Tu peux te décaler un peu ?
LA FEMME AU CHAPEAU : Mais on n’est pas bien, là, tous les deux ? Tu trouves pas que c’est le destin ?
SHEKSPIR : Je peux me relever tranquillement, s’il te plaît ?
LA FEMME AU CHAPEAU : Non, je veux rester dans tes bras à tout jamais.
SHEKSPIR : Lâche-moi, ce n’est vraiment pas le moment pour les gâteries. Si Hanane te voyait, elle te tuerait.
LA FEMME AU CHAPEAU : Oublie Hanane, moi je suis là. Je t’ai sauvé ! Si je n’avais pas été là, tu aurais été au comico[2] et t’y aurais passé la nuit.
SHEKSPIR : Mais en fait t’es bizarre comme meuf, pourquoi t’étais au même endroit que moi, pourquoi t’es sortie de nulle part et t’as réagi comme une folle ?
LA FEMME AU CHAPEAU : Mais parce que je te suivais comme tous les jours, tu es mon hlel[3], je t’aime, embrasse-moi !
SHEKSPIR : Mets pas tes lèvres sur moi, j’ai déjà ma femme. T’es personne pour moi. Va te faire soigner, sale folle, c’est à cause de toi que je suis coupable ! Je veux quitter ce parc, comment on retourne à la civilisation ?
LA FEMME AU CHAPEAU : Ce n’est pas toi qui l’as tué.
SHEKSPIR : Quoi ?
LA FEMME AU CHAPEAU : J’étais là et j’ai tout vu. Tu as bien fait de t’enfuir.
SHEKSPIR : Tu as tout vu ? Cette baston... Il y avait du sang, peut-être que j’ai touché quelque chose...
LA FEMME AU CHAPEAU : Ils ont trouvé sur le lieu du crime ta boucle d’oreille, celle avec le H de Hanane. C’est pour ça qu’ils te soupçonnent. Ne pars pas, Will Shekspir : on a mis quatre heures pour venir et si tu t’en vas maintenant, il fera nuit quand tu arriveras dans la forêt où il y a plein de bêtes sauvages.
SHEKSPIR : Ok, je reste. Mais range ton gun s’te plaît.
LA FEMME AU CHAPEAU : Viens, on grimpe dans la grande roue. Tu vas voir, la vue est belle d’en haut.
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Le lendemain, dans la forêt des Ardoines, Shekspir et Lucie vont vivre de nouvelles péripéties...
Si vous rêvez que Lucie fasse à nouveau un carnage, allez au 6.3.A.
Si vous voulez que Shekspir rencontre son frère, lancez un dé. Entre un et trois, allez au 6.3.B ; entre 4 et 6, allez au 6.3.D.
Mais peut-être Shekspir va-t-il rencontrer un Duc ? Allez dans ce cas au 6.3.C.
[1] Condés = flics. Ce mot appartient depuis le XIXe siècle à l’argot des malfrats. Dans le roman-feuilleton d’Eugène Sue, Les Mystères de Paris, publié en 1842, le « condé » est un commissaire de police.
[2] Comico = poste de police (mot d’argot).
[3] Hlel : son fiancé, son « crush » (mot issu de l’arabe).