Les Rocambolesques
roman-feuilleton collectif arborescent à contraintes
— Merci bien, madame, pour ce précieux coup de main que vous m’avez donné.
— Nul besoin de me remercier, ce gougnafier m’a frappée au visage et je n’accepte pas qu’un homme, ni même une femme, porte la main sur moi — du moins de façon violente. Et puis, que vous vous voulait-il ? Pourquoi cette dispute ?
— La personne qui a pris la fuite se fait passer pour l’homme pélican et je voulais lui arracher son masque pour prendre connaissance de sa véritable identité.
— Il y aurait donc deux hommes pélicans ?
— Vous, vous connaîtriez l'homme pélican ? s'exclame Rocambole.
— J’ai eu l’occasion de faire sa connaissance lors d’une opération — je suis chirurgienne, voyez-vous — une opération, comment dire… délicate, et il m'avait semblé tout à fait … charmant. Mais vous ? Qui êtes-vous ? Votre visage me fait penser au héros du roman que je lisais dans ma jeunesse.
— Mon nom importe peu. Sachez seulement que vous êtes en sécurité avec moi.
— Mais de quoi voulez-vous me protéger? C’est moi qui vous ai sauvé, pas l’inverse.
— Je me débrouillais bien avant que vous ne lui asséniez ce coup de caillou. Mais passons, ne restons pas plus longtemps ici. Je crois savoir où mène ce tunnel.
— À propos de ce pseudo-pélican, pourquoi vouloir vérifier son identité ? Vous a-t-il importuné par le passé ?
— C’est une longue histoire mêlant contrebande, espionnage et mafia russe.
— LA MAFIA RUSSE ?! Mais que vient-elle faire ici ? À quoi donc prétendez-vous être mêlé ?
— Vous êtes bien naïve madame. Saviez-vous seulement que les plus grands patrons se retrouvent tous les soirs dans un bar nommé Le Porte-jarretelles, et qu’ils se livrent là-bas à des soirées libertines, et même torrides ? Bien sûr que non.
— Et où m’emmenez-vous là ? Non que je n’apprécie pas votre compagnie, mais les promenades dans un tunnel obscur avec un inconnu finissent souvent mal, croyez-en mon expérience.
— Si mes informations sont bonnes, ce long boyau nous mène tout droit au sous-sol secret du Porte-jarretelles. J’ai un informateur à l'intérieur qui nous en dira plus à propos de l’homme pélican.
— Le doute m’habite quant à vos intentions. Comment puis-je vous faire confiance si je ne sais même pas qui vous êtes?
— Vous avez eu le courage de me suivre, je vous dois bien cette explication. Je me prénomme Rocambole, l’homme à qui sourit la chance et la fortune, et dont les aventures sont contées dans toutes les contrées.
— Je m’en doutais, votre faciès est de ceux que l’on n’oublie pas, même décrit dans un livre. D’ailleurs…
— Chut, je crois que nous approchons, j’entends des bruits de voix. Faisons-nous discrets.
— Cette porte mène au sous-sol du bar Le Porte-Jarretelles si j’ai bien compris. Que trouverons-nous de l’autre côté?
— Ce lieu recèle bien des surprises : quoi que vous imaginiez, vous êtes loin du compte. Il va nous falloir nous fondre dans la masse. J’ai donc avec moi un deuxième porte-jarretelles, en plus de celui que je porte actuellement.
— Vous sous-entendez que je vais devoir en porter un? Ce genre d’accoutrement a tendance à me serrer un peu.
— Je comprends bien, madame, mais si vous entrez dans cette tenue nous serons tout de suite repérés. Allez tout de suite le mettre, je vais avoir besoin de vos avantages afin d’occuper ces gens.
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Jason Coltier et Cédric Goujon, IUT de Vélizy
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Où Cuthy décide de prendre sa vie en main.
Où la première rencontre n'en est pas une.
Où l'homme-pélican fait son apparition au Porte-jarretelles.